3%
Les causes de décès chez les patients atteints de SLA sont multiples. Pour simplifier la compréhension, je les classe en deux catégories : les causes directes et les causes indirectes.
La SLA paralyse progressivement les muscles volontaires, dont certains sont essentiels à la survie : les muscles respiratoires et ceux de la déglutition. C’est pourquoi il n’existe, en réalité, qu’une seule façon de mourir directement de la maladie elle-même : le SDRA, le syndrome de détresse respiratoire aigu.
Je mets volontairement de côté la dénutrition sévère, qui reste aujourd’hui extrêmement rare.
Théoriquement, un respirateur bien réglé via une trachéotomie remplace parfaitement les fonctions mécaniques des muscles respiratoires. Cela devrait, en principe, nous mettre hors de danger immédiat.
Pourtant, beaucoup me diront qu’ils ont perdu un proche malgré la trachéotomie. Et ils ont raison : évidemment, la trachéotomie ne rend pas immortel, et un respirateur ne protège pas contre les maladies pulmonaires ou complications physiologiques qui, elles, peuvent être graves.
C’est là qu’interviennent de multiples causes indirectes, qui peuvent survenir avant comme après la trachéotomie. Je serais bien incapable de toutes les lister ; je me limite donc à celles que j’ai moi-même traversées : embolie pulmonaire, septicémie, chutes, péritonite, dénutrition avancée.
Ce sont toutes des complications potentiellement fatales.
En revanche, contrairement à ce que je lis souvent, il est impossible d’être en détresse respiratoire si l’on est sous respirateur, par trachéotomie, et que les poumons sont totalement sains. Les problèmes respiratoires surviennent uniquement lorsque les poumons sont atteints (infection, embolie, œdème, spasme, etc.)
La SLA ne touche ni les bronches ni les poumons : que ce soit bien compris.
J’ai aussi lu que la SLA s’attaquait directement au cœur, au prétexte que c’est un muscle. C’est totalement faux. N’importe quel neurologue le confirmera : le cœur n’est pas touché par la maladie.
J’ai également lu qu’on avait refusé une trachéotomie à un patient parce que « c’était trop tard, la SLA était trop avancée ».
Quand je suis arrivé en réanimation après une détresse respiratoire, les médecins pensaient que je ne survivrais pas.
Et pourtant…
Il n’est jamais trop tard.
Le proverbe « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir » est pleinement valable.
Le manque d’informations fiables est ahurissant.
Et la circulation de fausses informations l’est encore plus.
Ce déficit d’information fait probablement partie des raisons pour lesquelles seulement 3 % des patients en France choisissent la trachéotomie, contre 46 % au Japon (chiffres 2018). Bien sûr, les Japonais ont un rapport culturel différent à la maladie et à la mort, mais cela n’explique pas à lui seul un écart aussi gigantesque.
Que vous choisissiez ou non la trachéotomie ne me regarde pas : c’est votre vie, votre corps, votre décision.
Mais ce qui compte énormément pour moi, c’est que ce choix soit fait avec le bon éclairage scientifique, pas avec la peur, la désinformation ou les idées reçues.
Mon rêve ?
Passer de :
« Mon Dieu, il a la maladie de Charcot, il est foutu »
à:
« Mon Dieu, il a la maladie de Charcot. C’est très dur… mais une vie est possible. »