Je ne voudrais surtout pas faire de prosélytisme, ce n’est pas l’endroit et ce n’est pas mon genre. J’essaie juste de répondre le plus honnêtement possible à une question que l’on me pose souvent.
« Quel est ton secret ? »
La première personne à m’avoir demandé ça frontalement, c’est Isabelle, une infirmière réanimatrice avec 12 ans d’expérience.
Cela faisait un mois que j’étais dans le service et je revenais de très loin. Je peux dire en toute modestie qu’ils étaient tous bluffés.
Je lui ai simplement montré des yeux un exemplaire du Coran posé sur la tablette.
« Je le savais » m’a-t-elle dit.
Pour mes coreligionnaires et moi, Dieu ne peut nous infliger des épreuves desquelles nous ne puissions pas triompher, sinon cela signifierait qu’il est injuste, ce qui est totalement inenvisageable.
Les épreuves sont faites pour nous rendre meilleur, voici pourquoi je n’ai jamais été en colère, je me suis efforcé d’accepter.
Je ne suis pas en train de dire que j’ai dit youpi ! Une SLA !
Ça a été très dur, comme pour nous tous. Mais Dieu avait mis cette maladie sur ma route dans un but bien précis : faire de moi un être meilleur.
J’ai fait de cela mon postulat de base.
Combiné à l’indéfectible amour de mon épouse qui a toujours été là, voici le cocktail qui m’a amené où je suis.
Je pense donc qu’il est fort utile, dans cette lutte, pour accéder à la paix, d’entrouvrir une porte à la spiritualité quelle qu’elle soit.
Je suis musulman et je respecte absolument toutes les croyances et non croyances. Je ne suis pas meilleur qu’un autre.
Si vous avez des affinités avec n’importe quelle croyance, je vous suggère de creuser en ce sens. J’y ai trouvé énormément de réconfort, d’espoir et d’amour.
Dans notre situation, tout est bon à prendre, même ce qui peut paraître illusoire pour certains. Pour finir, voici une citation qui résume assez bien ma pensée :
« Il est psychologiquement possible d’accepter la providence universelle sans nier l’irrésistible expérience de la liberté, même pour ceux que l’on ne saurait accuser de n’avoir simplement pas réussi à apprendre leur première leçon de logique : ils ne seront pas forcément la proie d’une gêne intellectuelle parce qu’ils croient ou éprouvent les deux choses à la fois. Et lorsque les théologiens admettent, en fin de compte, qu’il y a un « mystère » dans la combinaison de la providence et de la liberté, ils ne prétendent pas expliquer quoi que ce soit, ils se bornent à accepter l’inadéquation de la raison humaine. »
Leszek Kolakowski