C’est certainement un des désagréments les plus récurrents et pénibles de notre chère maladie, gérer la salive. Pour plusieurs raisons, on peut rencontrer des difficultés à évacuer la salive de manière naturelle. La principale étant la perte de contrôle des muscles de la déglutition.
Trois solutions s’offrent à nous :
– Tenter de la réguler.
– L’évacuer.
– La laisser couler.
Notons que l’on peut combiner ces solutions.
Je reprends point par point :
Réguler la salive
Les moyens les plus fréquents pour tenter de réfréner la production de salive sont l’utilisation de scopolamine, par la pose de patchs scopoderm et l’utilisation d’atropine, en gouttes.
Ce sont deux molécules assez proches chimiquement, elles ont aussi en commun d’être utilisées dans notre cas pour les effets secondaires, voire indésirables qu’elles provoquent : la sécheresse buccale.
La fonction première de ces substances est bien éloignée de l’usage que l’on en fait.
Ces molécules sont complexes et puissantes. Elles sont tantôt utilisées pour la maladie de parkinson, pour le mal des transports ou dans certaines douleurs digestives en soins palliatifs. Mais aussi dans les traitements contre certains gaz de combats, vu l’influence qu’elles exercent sur le système nerveux. Sans parler des autres effets secondaires multiples, cardiaques notamment.
C’est un peu comme si on achetait un 357 magnum pour l’utiliser comme marteau.
Il existe aussi des effets secondaires à ces effets secondaires. Il s’agit principalement de l’assèchement de tous les fluides de la sphère ORL. Cela peut causer des problèmes de sécheresse oculaire, mais ce qui est surtout à surveiller, c’est l’épaississement éventuel des sécrétions trachéales et pulmonaires. Si le sujet est trachéotomisé, il existe un risque de bouchon muqueux non négligeable, qui ne résistera généralement pas à une aspiration trachéale, ce qui n’est pas super sympa.
Ces substances sont donc à utiliser avec prudence et bien entendu sujettes à un suivi médical compétent.
Mon conseil, moi qui ne suis pas médecin, c’est qu’en considérant la cohorte de complications qu’ils peuvent entraîner, il ne faut pas faire entrer ces produits de façon routinière dans nos vies. Les prendre « à vie » n’a aucun sens.
Pour réduire la production de salive, on peut également avoir recours à des options un peu plus radicales, comme l’injection de botox dans les glandes salivaires, mais qui semble fonctionner de façon aléatoire. On peut également avoir recours à la chirurgie pour brûler ces mêmes glandes. Je connais assez mal les tenants et les aboutissants de ce type d’opération, je m’abstiendrai donc de m’étendre sur le sujet.
Evacuer la salive
À l’aide d’aspirateurs de mucosités et de sondes buccales. On distingue deux types dans ces sondes : souples et rigides.
Personnellement, je trouve les sondes ou canules rigides bien plus efficaces.� Principalement les modèles type « Yankauer », dans ces modèles, les bleutés sont mes préférés car plus souples donc plus agréables.
Les sondes souples sont également utilisées pour les aspirations trachéales des systèmes ouverts. Je rappelle que pour nous autres trachéotomisés, les risques septiques sont importants au niveau pulmonaire et qu’un système d’aspiration clos doit impérativement être privilégié.
Je rappelle également qu’en aucun cas une sonde buccale ne doit servir à effectuer une aspiration trachéale. Les germes buccaux étant différents de ceux de la trachée.
Laisser couler la salive
Un peu moins glamour, certes, quoique l’aspiration niveau sexappeal n’est pas la panacée. Cette solution est surtout préconisée en cas d’immobilisation. je conseille l’utilisation de compresses américaines, particulièrement absorbantes et confortables. Personnellement, je les utilise pour la nuit alors que pour la journée je préfère la Yankauer.
Voilà, à vous de faire votre choix.
J’en profite au passage pour faire un point sur l’hygiène buccale. Outre le sacro-saint bicarbonate à utiliser quotidiennement en cas de problème, je pense qu’il est judicieux de l’associer à d’autres produits aux vertus antiseptiques naturelles. Par exemple l’eau d’argent, les sprays buccaux à base d’huiles essentielles (thym, arbre à thé etc.) ou à base de propolis.